Page 46 - Heidi's MIX - Flipbook
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L’expérience de l’engagement
Internet versus internh@te
Avec
Il n’échappe à personne que les temps sont durs pour les adeptes du débat. Sur Internet et
les réseaux sociaux, dont la promesse était de libérer la parole de tous et d’ouvrir les champ Philippe Cohen
de l’intelligence et de la créativité collectives, la nuance et le respect de l’avis de l’autre sont Président
mis à mal au profit d’une posture binaire et très limitée. D’accord ou pas d’accord. J’aime
ou j’aime pas. Et si je n’aime pas ou que je ne suis pas d’accord avec ce que tu es ou ce que Respect Zone
tu penses, ça se traduit de plus en plus souvent par des insultes ou du harcèlement. Sans
compter la facilité de diffuser des infos bidons et souvent nuisibles, qui seront joyeusement
reprises et diffusées par la masse. Résultat : près d’1/3 des commentaires sont supprimés des
médias en ligne parce qu’ils revêtent un caractère illégal.
Donc qu’est-ce qu’on fait ? Les communicants, qui créent des contenus et les plateformes
qui les diffusent, ont forcément une responsabilité dans cette dérive des échanges et un rôle
à jouer pour aller dans le bon sens. C’est pourquoi Heidi a décidé d’apporter sa contribution
à l’ONG Respect Zone, qui œuvre auprès des particuliers, des entreprises et des écoliers
pour promouvoir des espaces d’expression libres et respectueux. Mais aussi auprès des
communicants, via l’association COM-ENT, pour promouvoir une communication responsable,
qui permet de « faire société », avec toute la complexité que cela implique.
À l’heure où tout le monde peut s’exprimer Quelle est la nature de votre action ?
publiquement, qu’en est-il de la liberté d’expression ?
Notre action repose sur une charte courte et simple à laquelle
Tout d’abord, l’expression n’est pas libre en tant que telle dans est associée un label en forme de message universel. C’est un
toutes les régions du globe, ce que l’on oublie souvent. Aussi militantisme de l’éducation à l’usage du numérique. Notre action
la liberté d’expression, bien que fluidifiée par le numérique et est un mélange d’initiatives éducatives sur le terrain (à l’école,
les réseaux sociaux, reste un atout fragile. Les réseaux sociaux en entreprise, dans les médias sociaux, auprès des territoires),
favorisent et propagent algorithmiquement car commercialement d’assistance juridique aux victimes de cyber violences et de
les paroles les plus clivées et donc violentes. Or, comment peut- propositions pour aider à installer le respect en ligne et à rétablir
on parler d’expression libre dans un environnement violent ? Les un dialogue apaisé.
discours agressifs, complotistes et le lynchage n’invitent pas une Les actions auprès des élèves ou des jeunes populations, comme à
expression libre.
la Paris Games Week (salon du jeu vidéo) ou dans les compétitions
Favoriser le dialogue et le décloisonnement algorithmique sont de e-sport est essentielle. Et puis, il y a aussi les actions de
des enjeux qu’il est nécessaire de prendre en charge collectivement communication vers le grand public ou avec nos partenaires.
en vue de détoxer la haine numérique ambiante qui rétrécit notre Ces propositions concrètes, au nombre de 50, permettent à nos
liberté d’expression. Un espace ne peut être qualifié de libre et interlocuteurs de « piocher » des idées pour prévenir et résoudre,
civilisé que si les règles de vie qui lui sont applicables sont lisibles par la sensibilisation et l’éducation, les incivilités numériques.
et articulées. La liberté de l’expression en ligne est menacée alors
même qu’un sentiment d’hyper liberté nous leurre à chaque instant.
C’est le grand paradoxe numérique.
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